L’année 2024 a été marquée par de violentes coupes budgétaires, décidées par le ministre de l’Économie de l’époque au printemps, et une fin d’année voyant plus de 60 universités sur 75 annoncer leur déficit budgétaire, avec des images inhabituelles de président·es d’universités, manifestant devant le ministère pour défendre leurs budgets. Même pour des président·es élu·es pour gérer, la coupe était pleine, l’équation ne pouvait pas tenir ! En cette période où le CNESER vient de se voir présenter la répartition des moyens, la situation continue d’empirer !
Un budget 2025 historique
Et ceci à plus d’un titre : d’une part, il constitue la plus faible part accordée à la MIRES (mission recherche et enseignement supérieur) par un gouvernement depuis plus de 20 ans et la mise en œuvre de la LOLF ; d’autre part, pour la première fois, qui plus est en euros courants, la prénotification de la SCSP (subvention pour charge de service public) 2025 des universités est inférieure à celle de 2024 ! 33 Universités sur 69 voient leurs SCSP prénotifiées diminuer d’une valeur cumulée s’élevant à 88,5 M€, tandis que 36 voient la leur légèrement progresser d’une valeur cumulée de 27,2 M€ d’où les plus de 60 M€ de coupes budgétaires.
Les rares établissements à voir leurs dotations légèrement progresser sont les plus mal loties de leurs catégories respectives (avec santé ou non, centrées SHS ou non) : comme Montpellier 3 Paul Valéry, Nîmes ou Angers qui voient leur prénotification de SCSP en légère hausse, mais ne quittent pas pour autant la fin de classement en termes de SCSP/étudiant. Alors que la convergence des moyens est nécessaire pour dispenser les missions de service public sur l’ensemble du territoire.
Ce budget catastrophique a amené le CNESER du 11 mars 2025 à refuser très clairement cette répartition de la misère par 59 votes contre, 12 abstentions et 3 pour.
Dans ces conditions, l’heure est à l’austérité dans les établissements avec les conséquences délétères qu’elle engendre : gels et suppressions de postes, diminution des offres de formation, absence d’investissement dans les bibliothèques, arrêt des travaux de rénovation du bâti, etc.
Le HCERES en rajoute une couche
Dans le même temps, le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES) a rendu ses évaluations des formations (licences et master) des établissements de la vague E, qui regroupe les universités d’Île-de-France (hors Paris), du nord de la France et de Mayotte et la Réunion. Et celles-ci présentent un nombre anormalement élevé de formations mal notées, faisant craindre les universités pour la pérennité des formations concernant plus de 50 000 étudiant.es, dans la perspective des prochaines accréditations. Dans un contexte où les formations privées sont plus florissantes que jamais et où le ministre a renoncé à mettre en place un label de qualité, pourtant promis par ses deux derniers prédécesseurs, la réaction des collègues enseignant·es-chercheur·es est vive. Les nombreuses protestations ont ainsi conduit le HCERES à modifier les intitulés de ses avis, sans pour autant revenir sur le fond de ses évaluations. Pour le SNESUP-FSU, le HCERES s’est disqualifié et a montré qu’il est un outil au service du pouvoir, et il réclame au ministère la neutralisation des avis de la vague E et de valider la totalité de l’offre de formation des établissements concernés.
Pendant ce temps-là, aux États-Unis…
L’administration Trump censure à tour de bras la liberté académique et scientifique des universitaires, organise des licenciements en masse dans les services publics, et emprisonne un leader étudiant. Ce sont des attaques obscurantistes gravissimes, dénoncées par la communauté universitaire lors de la journée « Stand up for science », alors que les universités françaises ouvrent des programmes d’accueil de chercheur·es américains.
La réaction des personnels des universités est à la mobilisation. L’intersyndicale du supérieur a appelé le 11 mars à dénoncer les budgets d’austérité, elle réitère les 18 mars en y ajoutant la dénonciation du HCERES. Une assemblée générale des universités contre les avis du HCERES s’est réunie le 15 mars à Paris 8, même France Université adopte un profil offensif ! Refusons de laisser le gouvernement brader l’ESR public et rejoignons la lutte !
Sommaire du Convergences N° 305 - Mars 2025
- Édito du numéro 305 – Mars 2025
- En bref
- Coupables d’être malades !
- Un point sur le rapprochement CGT-FSU
- Défendre partout la formation continue des adultes, une mission de l’Éducation Nationale
- Face aux attaques, le supérieur s’organise !
- Le 25 février, une belle mobilisation pour le maintien des acquis sur l’ARTT à France éducation international
- Fermeture de la bibliothèque La Pérouse : un nouvel exemple de l’abandon des services publics par l’État
- Lu pour vous