Budget 2025 : ce qui est (ou était ?) prévu pour la mission enseignement scolaire (MIES) par le gouvernement Barnier

À l’heure où ces lignes sont écrites, difficile de savoir ce qu’il sera advenu des projets de budgets Barnier tant l’exercice qui lui était imposé semblait impossible : construire notamment un projet de loi de finances 2025 sans majorité parlementaire, tout en continuant — peu ou prou — une politique dictée par Emmanuel Macron et les protagonistes de son camp en piste pour l’élection présidentielle de 2027.

Pupitre de vote des député·es de l’Assemblée nationale (Paris, 15/11/2024)

Évidemment, compte tenu de l’argument du déficit public utilisé à gorge déployée par celles et ceux qui l’ont largement creusé par des mesures récurrentes bénéficiant aux plus riches et aux actionnaires — la politique macronienne dite de l’offre — ces projets de lois de finances visaient globalement à faire payer à l’ensemble des salarié.es, des retraité.es et des assuré.es sociaux un éventuel rétablissement des finances publiques.

Et de ce point de vue, le sort fait aux services publics illustrait bien une construction budgétaire aux antipodes des enjeux liés à leur bon fonctionnement, à leur amélioration ou implantation ainsi qu’à une reconnaissance de leurs personnels, à la hauteur de leurs missions et métiers.

Nous avons lu pour vous l’annexe au projet de loi de finances pour 2025 pour l’enseignement scolaire et nous en avons extrait des éléments pour élaborer les tableaux ci-après qui montrent les évolutions des effectifs par comparaison avec le budget 2024.

Pupitre de vote des député·es de l’Assemblée nationale (Paris, 15/11/2024)

Évolution des emplois 2024/2025 : administration centrale, services académiques et EPLE

Le document de budget 2025 évoque des créations d’emplois très ciblées. « Les entrées correspondent au recrutement de personnels d’encadrement, de personnels administratifs, techniques et de service et de personnels de la jeunesse et des sports. Le schéma d’emplois prévoit une hausse de 35 emplois en 2025, notamment pour soutenir la modernisation des systèmes d’information des ministères », précise le document. Ces emplois se répartissent, en convention, en 12 postes pour l’administration centrale et 23 postes dans les services régionaux d’académie. Ces créations sont à mettre en parallèle avec les 27 suppressions d’emplois et les millions d’euros économisés chez les opérateurs de l’éducation nationale qui font partie du même budget, dit de « politique de soutien à l’éducation nationale ». En réalité, il s’agit d’une opération blanche, d’un simple jeu de chiffres au sein d’une même enveloppe qui va diminuant.

Requalification, politique indemnitaire

Des mesures de revalorisation des personnels sont prévues pour l’année 2025. D’une part, la poursuite du plan pluriannuel de requalification de la filière administrative : 1 270 emplois créés en catégorie A et B pour 1 443 631 € par la suppression équivalente d’emplois en catégorie C notamment (-750). D’autre part, des mesures indemnitaires pour 4 557 570 €. Si elle concernait les effectifs de l’administration centrale, des services déconcentrés et des EPLE (sans tenir compte des opérateurs), cela représenterait environ 78 € pour l’année 2025 soit 13 € brut par mois et par agent.

Les établissements scolaires

Le transfert de compétences en matière de gestion et paie des AESH, des EPLE vers les services académiques, prévoit un transfert de 140 emplois.
Le tableau ci-dessous précise les diminutions d’emplois consacrés au fonctionnement des établissements scolaires sur les quinze dernières années. Durant ce laps de temps, 2 300 emplois administratifs ont ainsi disparu des EPLE.

Op@le

Une enveloppe de 22 millions d’euros est prévue incluant les frais de déplacement des utilisateurs et des formateurs en académie, les indemnités des formateurs, les outils de formation développés par le titulaire dans le cadre du marché. Ce montant a été augmenté de 4 millions € pour tenir compte de la réévaluation induite par le décret n° 2019-139 du 26 février 2019 modifiant le décret n° 2006-781 du 3 juillet 2006 fixant les conditions et les modalités de règlement des frais occasionnés par les déplacements temporaires des personnels civils de l’État.
Le déploiement d’OP@LE va permettre de supprimer à terme les 8 000 serveurs mis à disposition par les collectivités qui font fonctionner l’application actuelle GFC. Par ailleurs, la dématérialisation des processus financiers (commandes, factures, etc.) ainsi que la mise à disposition des comptes financiers vers l’infocentre DGFiP devraient permettre des économies.

Les opérateurs de l’éducation nationale

Le ministre Barnier, à la suite du MEDEF, avait désigné en septembre l’ensemble des opérateurs comme étant des organismes où des économies peuvent être réalisées. Les chiffres qui suivent illustrent le propos.


CNED, Onisep, Canopé

La subvention pour charges de service public (la SPCSP, subvention de l’État) du CNED baissera en 2025, passant de 37 695 000 € à 31 793 000 €. Une nouvelle stratégie tarifaire sera soumise à l’approbation du conseil d’administration de l’établissement pour développer les recettes de l’établissement qui s’appuiera sur l’augmentation des tarifs des formations dispensées par le CNED. Cette mesure risque d’exclure les publics vulnérables et d’augmenter le nombre d’enfants en échec scolaire. Le CNED poursuivra enfin l’adaptation de son patrimoine bâti et engagera une évolution majeure de son système d’information.

La SPCSP de l’Onisep prévue pour 2025 est de 22 700 000 € contre 22 750 000 en 2024. Cette « faible » diminution s’ajoutera à celles des années précédentes, aggravant encore la fragilité de son budget et les économies à réaliser (gels de postes et des salaires des contractuels), augmentant la pression au développement des ressources propres : des documents pour les familles plus chers ? plus de publicité sur le site onisep.fr ? et plus de productions à réaliser, avec moins de personnels…

La SPCSP de Canopé passera de 88 026 000 € en 2024 à 85 038 285 € en 2025. Un nouveau contrat d’objectifs et de performance renforcera un modèle économique centré sur les prestations de formation et d’expertise. L’évolution de l’organisation de l’établissement impliquera notamment la diminution du nombre de directions au niveau central.

L’élaboration budgétaire marque de façon obligée les intentions de celle ou celui qui la produit. Les projets de budgets Barnier pour 2025 seront finalement restés enfermés dans le carcan de la pensée d’Emmanuel Macron en matière d’économie ou de politiques d’emploi ou sociales. Un comble puisque ces politiques — et celles et ceux qui les défendent — sont très régulièrement battues dans les urnes depuis de nombreuses années maintenant et aussi vivement contestées dans la rue.

Finalement, le rejet de ces budgets Barnier n’est que la continuation du rejet de la politique du président de la République.

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Cet article est la rubrique 4 sur 15 du Convergences N° 302 — Décembre 2024