(épisode 2)
Les organisations syndicales ont constamment remis en question la pertinence de créer un tel établissement. Après l’échec du rapprochement entre Lyon 1 et Lyon 2, la présidence de Lyon 1 a envisagé de transformer uniquement Lyon 1 en EPE, associé à CPE, une sorte de « quasi auto-fusion ». Ce projet s’accompagnait d’une restructuration autour de pôles de formation et de recherche (PFR), sans nécessiter les statuts dérogatoires d’un EPE.
Pourquoi persister dans la voie de l’expérimentation et de statuts dérogatoires au Code de l’éducation, porteurs de menaces fortes pour la démocratie universitaire, les conditions de travail et d’études au sein de l’établissement ? Qu’est-ce que le Code de l’éducation interdit de faire dans le projet de restructuration de Lyon 1 ? Pourquoi la présidence, en fin d’exercice, tient-elle absolument à s’en affranchir ? Une présidence sans mandat sur ce sujet ne peut engager l’université dans une transformation aussi impactante. Telles sont les questions et le constat qui sont exprimés lors de plusieurs assemblées générales. Une intersyndicale très large (CGT, SUD, FSU, SGEN-CFDT) lance une pétition à destination du personnel de Lyon 1 et des unités mixtes de recherche (UMR) associées pour refuser que leur université soit transformée en EPE. La pétition rappelle que la création de PFR peut être envisagée dans le cadre actuel et le strict respect du Code de l’éducation. Cette pétition reçoit plus de mille signatures sans que la présidence ne fasse marche arrière.
Le vote sur le projet d’EPE au conseil d’administration de Lyon 1, prévu pour le 5 mars, a été reporté indéfiniment. Le 4 mars 2024, les chefs de huit autres établissements (Lyon 2, Lyon 3, Saint-Étienne, Centrale Lyon, INSA, ENTPE, VetAgro Sup et Sciences Po) ont écrit à Sylvie Retailleau pour exprimer leur opposition à certains aspects du projet de Lyon 1, rappelant qu’aucun mandat de « leader du site » n’avait été donné à Lyon 1.
En septembre 2024, malgré l’opposition, un projet de statuts a été proposé au comité social d’administration (CSA) de Lyon 1 avec l’aval du MESR, mais il a été rejeté. Quelques jours plus tard, le conseil académique a également repoussé le projet, marquant ainsi un nouvel échec pour la restructuration de l’enseignement supérieur lyonnais.
Une victoire collective
Au-delà de l’échec cuisant de l’équipe présidentielle de Lyon 1, il est important de rappeler les critiques contre le projet, notamment les attaques contre la démocratie universitaire et les conditions de travail et d’études. Le projet de statuts proposait une réduction significative du nombre de représentants du personnel au conseil d’administration (CA). De plus, ni les représentants du personnel ni ceux des étudiants ne participaient à la désignation des autres membres du CA, sauf un seul sur douze. Une liste majoritaire aux élections pouvait ainsi ne pas voir son candidat élu à la présidence de l’EPE.
La restructuration en pôles de formation et de recherche posait également problème, car les règles de désignation des directeurs de pôle révélaient un refus de cohabitation, entraînant une régression démocratique. Une directrice ou un directeur de pôle en opposition avec la majorité de son conseil, désigné par un CA jugé illégitime, aurait créé des tensions permanentes et dégradé les conditions de travail.
Ces arguments, parmi d’autres, ont été régulièrement exposés lors des assemblées générales du personnel, des réunions d’information syndicales et dans des communiqués intersyndicaux. L’intersyndicale et certains administrateurs ont constamment dénoncé les tentatives de passage en force et le manque de transparence au sein des instances décisionnaires, sur un sujet crucial pour l’avenir de toute la communauté. Son retrait résonne comme une victoire collective. Désormais, le calendrier normal reprend ses droits et les élections des conseils centraux — et donc le renouvellement de la présidence — auront lieu comme prévu en novembre 2024.
Même si à ce jour, la présidence de Lyon 1 n’a toujours pas communiqué à toute la communauté universitaire la fin du projet de l’EPE. Le CSA exceptionnel du 22 octobre, réuni peu avant le CA, place une fois de plus les organisations syndicales au pied du mur, les empêchant d’exprimer une désapprobation unanime sans risquer de retarder le processus électoral. La présidence doit organiser les élections avant l’échéance des mandats actuels, prévue pour le 1ᵉʳ décembre 2024, afin d’assurer la continuité des conseils.
Il est temps d’envisager plus sereinement la suite pour l’université et le site lyonnais.
Sommaire du Convergences N° 302 — Décembre 2024
- Edito du numéro 302 – Décembre 2024
- Informations générales
- Motion d’actualité adoptée à la CAN du SNASUB-FSU du 12-13 novembre 2024
- Budget 2025 : ce qui est (ou était ?) prévu pour la mission enseignement scolaire (MIES) par le gouvernement Barnier
- Budget des universités : 4 universités sur 5 en déficit
- Mutations interacadémiques pour la rentrée 2025
- Journée internationale contre les violences faites aux femmes
- Un budget d’austérité pour les plus fragiles dans les Pays de la Loire…
- Quand Éric Ciotti déraille
- Guillaume Kasbarian : la haine ordinaire du fonctionnaire
- Le 18 novembre, l’intersyndicale nationale Op@le reçue au ministère de l’Éducation nationale
- Échec de Pluriel 2024 et clap de fin pour le rapprochement des établissements lyonnais
- Les bibliothèques universitaires face à l’Acte II de l’autonomie
- Lu pour vous
- Canopé et le budget 2025 au Sénat