Déménagement à la Bpi : entre incertitudes, bricolage et manque de concertation

Le déménagement de la Bibliothèque publique d’information (Bpi) s’impose aujourd’hui comme un révélateur des tensions et des dysfonctionnements qui traversent nos établissements publics. Loin d’être une simple opération logistique, il met en lumière et ce n’est pas un mauvais jeu de mot, les conditions dans lesquelles les personnels sont amenés à travailler, souvent au prix de leur santé et de leur engagement professionnel. Retour sur une séquence aussi symptomatique qu’inquiétante.

Un calendrier imposé, des personnels mis sous pression

Depuis plusieurs semaines, la cadence s’accélère : cartons, inventaires, déplacements de collections… Malgré un calendrier particulièrement serré, les équipes sont restées dans leurs bureaux du Centre Pompidou jusqu’au 23 mai. Trois jours de formation ont été ensuite proposés, non pas dans une logique d’accompagnement, mais pour « occuper » les personnels, en attente de l’intégration des nouveaux locaux du Lumière au 1er juin. Cette gestion du temps, vécue comme un pis-aller, illustre le manque d’anticipation et de considération pour les agent·e·s.

Un déménagement précipité, des conditions de travail dégradées

La mise en carton et le déballage des collections avancent à marche forcée, avec quinze jours d’avance sur le planning initial. Pourtant, les espaces publics et internes sont encore en travaux. Les cheminements des usagers, tout comme les dispositifs de prévention au sein du bâtiment Lumière, sont discutés sans réelle concertation avec les organisations syndicales. Malgré notre insistance, seule une visite des espaces en délégation FS conjointe Centre/Bpi a pu être obtenue. Tout se fait dans l’urgence, sans vision d’ensemble, ni prise en compte des réalités du terrain.

Ce bricolage généralisé a des conséquences directes : stress, fatigue, sentiment d’abandon. Les personnels, en particulier les contractuel·le·s, voient leurs conditions de travail se dégrader, alors même qu’ils sont en première ligne pour assurer la continuité du service public.

Une période troublante, une direction en retrait

La fermeture au public a marqué le début d’une période surréaliste : démontage des espaces de travail, inaccessibilité des collections, incertitude sur l’avenir. La direction, elle-même sur le départ, boucle les dossiers dans la précipitation. Nous ne connaissons toujours pas la date exacte du départ de Christine Carrier. Initialement prévu autour du 1er juin, une fois l’installation au Lumière achevée, elle est toujours en place et assure son propre intérim. Par ailleurs, au 1er juillet, la directrice adjointe quitte son poste. Ce flou managérial ajoute à la désorganisation ambiante et nourrit un sentiment d’abandon chez les agent·e·s.

Un dialogue social en berne

Ce déménagement met crûment en lumière, la faiblesse du dialogue social dans notre établissement. Les décisions se prennent sans concertation, les organisations syndicales sont consultées a minima, les représentants du personnel s’épuisent à obtenir des informations et à défendre les droits des collègues. Pire, la période actuelle voit partir plusieurs représentant·es du personnel, sans que de nouvelles vocations ne se manifestent, tant le contexte est décourageant.

Plus que jamais, mobilisé·e·s et vigilant·e·s

Face à cette situation, le SNASUB-FSU réaffirme son engagement à défendre les intérêts des personnels. Nous continuerons d’exiger la transparence, la concertation et le respect des droits de toutes et tous. Nous appelons les collègues à rester vigilants, à nous faire remonter toutes les difficultés rencontrées, et à ne pas hésiter à nous rejoindre pour renforcer la défense collective de nos conditions de travail.

Ce déménagement n’est pas qu’une affaire de cartons et de mètres carrés : il engage l’avenir de notre service public, la reconnaissance de nos métiers, et la dignité de celles et ceux qui le font vivre au quotidien.

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Cet article est la rubrique 8 sur 10 du Convergences N° 308 – Juin-juillet 2025