Guillaume Kasbarian : la haine ordinaire du fonctionnaire

Le tout récemment nommé ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, dont l’essentiel du parcours politique se résume à une loi antisquat et à lisser sa moustache retroussée, se paye depuis quelques semaines les fonctionnaires dont il a la charge. À l’inverse des ministres de l’Intérieur ou des Armées, qui ont l’habitude de protéger leurs troupes par vents contraires, le ministre Kasbarian inaugure une façon bien à lui de soutenir la fonction publique. Dans l’édition du Figaro du dimanche 27 octobre, il laisse entendre que « lutter contre l’absentéisme dans la fonction publique est une urgence absolue », et propose donc de passer à trois jours de carences (au lieu d’un) les arrêts maladie. Pour étayer son propos, il cite deux chiffres : « […], les fonctionnaires sont absents en moyenne 14,5 jours par an contre 11,6 jours pour les salariés du privé. »

On retrouve ses deux mêmes chiffres dans un rapport de juillet 2024, conjointement produit par l’Inspection générale des affaires sociales et l’Inspection générale des finances, qui scrute la période 2014-2022, incluant donc la pandémie de COVID-19. Quand on lit (jusqu’au bout) le rapport, on y apprend (page 41, c’est loin…) que « L’absentéisme dans la FPE est inférieur à l’absentéisme constaté dans le secteur privé sur l’intégralité de la période 2014-2022 : en 2022, le nombre moyen de jours d’absence des agents de la FPE hors enseignants est inférieur de 1,5 jour à la moyenne du secteur privé. Sur ce segment, comme pour le secteur privé, on ne constate pas de hausse en 2022 par rapport à 2021, contrairement aux autres versants. L’absentéisme du personnel enseignant a également été inférieur à celui du secteur privé sur la période, sauf en 2022, où le nombre de jours d’absence connait une forte hausse et rejoint celui constaté dans le secteur privé ».

Bref, en réalité, Guillaume Kasbarian tente, avec la complicité de l’arc « anti fonction publique », qui va de l’extrême centre à l’extrême droite, de pousser un projet de loi qui tente de gratter, sur le dos des fonctionnaires, 1,2 milliard d’euros pour renflouer le budget de l’État, dilapidé par le précédent gouvernement, dont le ministre Kasbarian faisait partie.

Il est aussi question de réduire la rémunération versée aux fonctionnaires en arrêt de travail à 90 % de leur traitement normal, contre 100 % actuellement.

Ces deux amendements au projet de lois de finances pourraient augmenter les arrêts longs et pénaliser davantage les femmes.

Bref, sous la Macronie à la sauce extrême-droitière, rien de nouveau : faible avec les forts et fort avec les faibles.

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Cet article est la rubrique 10 sur 15 du Convergences N° 302 — Décembre 2024