Mayotte, solidarité !

Nous publions ci-dessous dans ce numéro de janvier les extraits d’un texte rédigé par nos camarades du SNASUB-FSU Mayotte en préparation de la réunion ministérielle du 9 janvier dernier, qui a réuni la ministre Elisabeth Borne et les organisations syndicales représentatives, dont la FSU et le SNASUB-FSU.

Depuis, évidemment, le cyclone et ses conséquences ont été suivis par la tempête tropicale DIKELEDI.
L’occasion pour nous d’exprimer ici toute notre solidarité pleine et entière avec l’ensemble des habitant·es de ce département, avec l’ensemble des personnels de nos champs professionnels en général et avec l’ensemble de nos camarades syndiqué·es en particulier.


Le 14 décembre 2024, CHIDO le cyclone le plus dévastateur que la zone de l’océan Indien n’a jamais connu, a frappé Mayotte de plein fouet. Toute la population a été fortement touchée sur tous les plans : matériels, santé… Le nombre de blessé.es et de pertes humaines dépasse plusieurs milliers.

Le cyclone CHIDO n’a fait que mettre en lumière les nombreuses difficultés de l’île.

En effet, le département accumule depuis dix ans des nombreuses crises de plus en insoutenables pour sa population (forte immigration clandestine, manque d’eau potable, insécurité, etc..) et aucune n’a été résolue d’une manière pérenne ; l’État a eu des réponses d’urgence de courte durée.

Hormis les dégâts matériels considérables, CHIDO est un désastre écologique, environnemental sans précédent. Toute la forêt comme tout autre végétal a été disséminée lors de son passage sur environ 95 % du territoire. Des écosystèmes animal et végétal commencent à disparaitre, comme les makis, un des emblèmes de Mayotte (lémuriens) dont les cadavres se comptent par milliers chaque jour. Mais déjà avant le cyclone, on était rythmé par tours d’eau de deux jours sur trois. Les mahorais.es vont subir une grande période de famine et de sècheresse pendant plusieurs années aggravées par le réchauffement climatique.

Suite à ce premier constat, le SNASUB-FSU Mayotte demande de vraies réponses par rapport à l’environnement, mais surtout :

  • La construction urgente d’une usine de dessalement d’une capacité de production importante (soixante mille mètres cubes d’eau par jour minimum) ;
  • Un plan de reboisement de la forêt primaire ;
  • Un bilan des écosystèmes disparus ;
  • Un plan de sauvegarde des espèces d’animaux et végétaux endémiques.

Plus de 70 % des établissements scolaires sont endommagés. Le cyclone a arraché les toitures, brisé les murs, broyé les clôtures. Des câbles électriques pendent à même le sol, le matériel informatique est détruit… Avant même le cyclone, les conditions de travail étaient extrêmement difficiles, notamment :

  • Des établissements scolaires de la maternelle au lycée surpeuplé ;
  • Surcharges de travail des agents administratifs et techniques ;
  • Mépris de l’administration envers les agents ;
  • Aucune reconnaissance du travail fourni (prime CIA attribuée selon le bon vouloir du chef d’établissement) ;
  • Pas d’accompagnement ni de formation des agents sur la réalité du terrain ;
  • Des supérieurs hiérarchiques qui profitent de la fragilité des contractuels (qui représentent 70 % des ATAOSS).

À partir du 15 décembre 2024 le rapatriement a été mise en place pour les collègues afin de retrouver leur famille, car ils ont tout perdu comme pour toute la population et nombreux ne reviendront plus ou une fois que nous aurions reconstruit notre département. Une aide de 2000 € a été versée aux agents de l’éducation nationale rémunéré.es à l’indice nouveau majoré inférieur ou égal à 448. Force est de constater que la majorité des administratifs l’ont reçu, car nous sommes sont la catégorie la plus défavorisée en termes de salaires dans l’éducation nationale.

De ce deuxième constat, le SNASUB-FSU demande :

  • Le renouvellement du versement de l’aide pour tous les agent·es du rectorat pendant trois mois ;
  • L’alignement de l’indexation à 53 % à celui de La réunion ;
  • Le reclassement de tous les établissements scolaires de l’île en zone d’éducation prioritaire
  • Un plan de pérennisation et d’attractivité de l’emploi local ;
  • La stabilité des emplois locaux ;
  • Mettre un terme à la différentiation des emplois résidents et non résidents ;
  • Un traitement égalitaire des personnels ;
  • Un plan de construction des écoles aux normes tropicales ;
  • Le déploiement du réseau Wi-Fi et de la fibre dans les services académiques et EPLE ;
  • Un plan de titularisation massif des agents non titulaires ;
  • Faciliter le retour des agent·es suite à une mutation interacadémique

Malgré les circonstances tragiques, les camarades ont déjà repris le travail alors qu’ils n’ont plus de toit pour certains, toujours pas d’eau au robinet, pas d’électricité, de nourritures. Les aides commencent à arriver pour les plus démunies, mais toute la population est dans la même situation.

C’est maintenant qu’il faudrait agir par des mesures concrètes, adaptées et définitives. Les Mahorais ont besoin de votre soutien, madame la ministre et d’investissement à la hauteur des défis qui nous attendent.

Veuillez croire, Madame, à notre sincère respect.

Le secrétaire académique du SNASUB-FSU Mayotte


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Cet article est la rubrique 9 sur 16 du Convergences N° 303 — Janvier 2025