La commission nationale du SNASUB-FSU s’est réunie ces 16 et 17 septembre 2025 dans une période très particulière, marquée par la crise politique à la tête du pays mais aussi par un ressaisissement d’une partie de la population qui souhaite tourner la page du libéralisme et qui l’exprime de diverses manières.
Pour le SNASUB-FSU, cette situation nous pousse à être plus que jamais à l’offensive pour avancer nos revendications et porter notre exigence de justice sociale.

La Macronie en difficulté
La politique de l’offre, alpha et oméga de l’orientation du président Macron précipite le pays dans une crise sociale, politique et budgétaire majeure. Elle se heurte désormais à toutes ses contradictions qui génèrent une spirale de reculs sociaux inacceptables et un accroissement sans fin des inégalités rejeté par une majorité de la population, comme l’a montré le mouvement social de 2023 contre la réforme des retraites. Sans majorité, le président et ses soutiens s’entêtent, malgré les censures de l’Assemblée nationale.
La chute du gouvernement Bayrou le lundi 8 septembre, après celle du gouvernement Barnier en décembre dernier, a conduit le président de la République à nommer un de ses fidèles au poste de Premier ministre. Ceci n’augure en rien d’une orientation radicalement différente.
Si Sébastien Lecornu affirme — sans rire — vouloir opérer une rupture sur la forme et sur le fond, pour l’instant, il n’indique pas vouloir répondre aux revendications de progrès social pour le plus grand nombre ni rompre avec toutes les politiques de discriminations engagées ces dernières années sous la pression de l’extrême droite.
S’il renonce à la suppression des deux jours fériés (mesure la plus provocatrice avancée par Bayrou), il précise aussitôt qu’il faudra « trouver d’autres sources de financement » pour compenser cette disposition annulée. Il souhaite maintenir le cadre global de l’austérité plutôt que d’aller chercher l’argent dans les poches des plus riches, choyés par les politiques des différents gouvernements Macron.
Nous considérons que seul un gouvernement au service des salarié·es, des retraité·es et des jeunes serait en mesure de répondre positivement aux revendications syndicales et aux aspirations citoyennes.
La guerre en Ukraine et en Palestine…
Il n’est pas possible pour nous d’ignorer ces questions internationales. La politique génocidaire du gouvernement Netanyahou menée contre les Palestiniens et qui vise à leur épuration ethnique doit être stoppée au plus vite ! Et la reconnaissance d’un état palestinien, viable et durable, est d’une urgence absolue. La situation insupportable faite à l’Ukraine par Poutine et son refus de toute négociation nous oblige à la solidarité internationale avec les peuples attaqués. Le président Macron lui-même incite à l’armement national européen pour contrer la puissance russe. Le SNASUB-FSU, fidèle à l’esprit de solidarité internationale et à la Paix, considère qu’un embrasement dans la partie est de l’Europe conduirait au chaos.
Une rentrée sociale qui pose au premier plan le refus de l’austérité !
Depuis les annonces de Bayrou sur la baisse de 44 milliards aux budgets de l’État et de la Sécurité sociale, une vague de contestation grandit dans le pays. La réaction syndicale unitaire a été immédiate, dès le mois de juillet, avec le lancement d’une pétition actuellement signée par plus de 390 000 personnes et l’organisation d’une grande journée unitaire de mobilisation le 18 septembre.
Autre marqueur du refus des conséquences environnementales du néolibéralisme, le succès de la pétition, lancée par une jeune chercheuse, pour l’abrogation de la loi Duplomb qui « représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens » et qui a réuni plus de 2,1 millions de signatures pendant l’été.
Dans le même temps, le mouvement citoyen « Bloquons tout » s’est développé au point d’être soutenu par 63 % de la population à la mi-août et d’avoir pu provoquer la journée d’actions du 10 septembre.
On a commencé le 10 septembre ! Il faut continuer le 18 et après…
Dans ce contexte, la FSU et le SNASUB-FSU ont appelé au 10 septembre après en avoir discuté dans leurs instances respectives. Nous y voyions un moyen d’unir nos forces, par-delà les différences, car les revendications rejoignaient les nôtres : NON au budget Bayrou, oui aux services publics, pour de meilleurs salaires, pour la justice sociale et fiscale…
Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont mises en action : des secteurs professionnels diversifiés, une jeunesse mobilisée sur des revendications sociales, de justice, et rétifs aux perspectives de guerre et un mouvement intersyndical le plus souvent en soutien et en accompagnement des actions. D’autres rendez-vous doivent suivre : le 18 septembre et après, pour ne pas faire retomber la pression tant que nous n’aurons pas eu satisfaction. L’austérité n’est pas une fatalité !
Le SNASUB-FSU considère que la situation de blocage politique et les projets de budgets exigent une mobilisation déterminée et durable. La journée du 18 septembre ne pourra rester sans lendemain. Le SNASUB-FSU mandate la FSU pour qu’elle porte la nécessité de nouvelles et proches dates de grève et de mobilisation pour organiser la montée de la conflictualisation sociale et gagner un budget de justice sociale. Il est grand temps de faire payer les riches et de faire cesser les cadeaux aux actionnaires et aux grandes entreprises.
Une revalorisation indemnitaire très largement insuffisante
Pour 2025 la revalorisation de l’IFSE est cantonnée au bénéfice des seuls agents de catégorie C dans l’éducation nationale et à Jeunesse et sports : + 200 € en ATRF et +170 € en ADJAENES — soit respectivement 17 € brut et 14 € brut par mois en plus sur la fiche de paie.
Dans l’enseignement supérieur, l’enveloppe de « convergence indemnitaire » est elle aussi dédiée à la revalorisation indemnitaire des personnels de catégorie C, à hauteur de 240 euros brut annuels, mais ce fléchage est théorique, les établissements autonomes pouvant dépenser leur enveloppe comme ils l’entendent.
Ces montants ne représentent en rien une revalorisation à la hauteur des pertes de pouvoir d’achat. Et rien pour les personnels de catégorie A et B ni pour les personnels Culture !
Le SNASUB-FSU revendique, au-delà de ces quelques miettes indemnitaires, une revalorisation de nos grilles salariales avec intégration des indemnités mensuelles et une reconnaissance pour tous les personnels effectuant des missions supérieures à leur niveau de recrutement, par un véritable plan de requalification des emplois de C en B et de B en A.
Un nouveau cadre de gestion des personnels contractuel·les issu de la DGRH
La publication du cadre de gestion au Bulletin officiel du 21 août 2025 — à l’initiative de la direction générale des ressources humaines — pour les personnels de l’éducation nationale et de Jeunesse et sports et incluant les opérateurs, doit permettre quelques avancées. Elle se présente comme un support en direction des administrations pour déployer notamment de bonnes pratiques, comme la durée des contrats à 12 mois au lieu de 10 pour les contrats à l’année. La rémunération des contractuel.les doit prendre en compte dans sa part fixe les montants moyens indemnitaires versés aux fonctionnaires remplacés. Évidemment, ces sujets font partie d’une bataille dans chaque administration (déconcentrée) pour obtenir des améliorations pour les agents non titulaires. Des demandes de groupes de travail, de points à l’ordre du jour des CSA devront être nos priorités si les employeurs évitent le sujet. La publication d’un tel guide dans l’enseignement supérieur et la recherche est à l’ordre du jour de l’agenda social.
Mettre en avant nos revendications !
Dans les EPLE
Les échanges de la commission EPLE ont mis en exergue l’ambiance de travail dégradée dans les établissements scolaires et l’augmentation du nombre de personnels en souffrance. Le sous-effectif et l’insuffisance des formations avant la prise de poste sont en partie la cause de cette dégradation, dans un contexte de déploiement de nouveaux outils.
Les représentant.es du SNASUB-FSU continuent de lutter pour l’amélioration des conditions de travail des personnels des EPLE et demandent des créations de postes à la hauteur des besoins
Notre syndicat doit également contribuer au nécessaire travail revendicatif sur la situation actuelle du bâti scolaire, liée aux enjeux de la transition écologique, en apportant son expertise en la matière.
Nous constatons par ailleurs un manque d’attractivité du métier de personnel de laboratoire, du fait de rémunérations inférieures à celles pratiquées dans le privé ou dans d’autres ministères. Les concours internes et externes de recrutement restent souvent infructueux. D’année en année, le recrutement des contractuel·les pour pourvoir les postes vacants est de plus en plus difficile.
Il est urgent de requalifier tous les postes d’agents de laboratoire pour endiguer la fuite des personnels et valoriser les fonctions occupées.
Services
Dans un certain nombre d’académies et d’opérateurs de l’éducation nationale, la question du temps de travail se pose à différentes échelles. Ici, le temps de travail est revu à la hausse, là, les heures supplémentaires sont combattues par la hiérarchie, ailleurs, l’accès au télétravail est réduit à portion congrue. L’axe général est la remise en cause des acquis, voire la non-application de textes réglementaires.
Les personnels sont malmenés d’une façon ou d’une autre, allant jusqu’à des formes d’autoritarisme comme mode de gestion, dans un contexte de compression de budgets.
Enseignement supérieur et Culture
Le SNASUB-FSU renouvelle son opposition au projet de loi relatif à la régulation et à la modernisation de l’enseignement supérieur privé qui met en concurrence le privé et le service public de l’ESR, volontairement affaibli par sa tutelle depuis des années. Derrière son intitulé qui peut paraît consensuel, de nouvelles attaques contre les établissements publics sont présentes, comme la proposition d’allonger de trois ans l’expérimentation des EPE (à compléter).
Déposé de façon expresse par le ministère à la veille des congés universitaires, le devenir de ce projet de loi est incertain dans le contexte politique du moment. Le SNASUB-FSU informe les personnels des dangers qu’il comporte pour le service public.
Bibliothèques
Le SNASUB-FSU, secteur Bibliothèques, s’oppose fermement à la fusion des agences ABES, AMUE et CINES, annoncée par le ministère de l’Enseignement supérieur le 2 septembre 2025.
Ce projet précipité et technocratique menace les expertises, les emplois et la qualité du service public dans l’ESR. Le syndicat en exige le retrait et des garanties sur le maintien des missions et des postes. Il appelle les personnels et usagers de l’ESR à se mobiliser pour défendre un service public humain et efficace.
À la BPI, suite au déménagement, les personnels attendent toujours la nomination d’une nouvelle direction.
Les représentants du personnel, répartis sur plusieurs sites et confrontés à des réorganisations, peinent à maintenir un dialogue efficace. De plus, les jours de fermeture de la BPI doivent désormais être posés comme congés par les agents contractuels. Le SNASUB-FSU apporte tout son soutien aux collègues de la BPI.
La mobilisation de toutes et tous reste la seule solution pour imposer nos revendications !
La commission administrative nationale appelle les personnels à se mobiliser pour gagner des avancées pour nos conditions de travail et de vie.
Nous appelons à poursuivre le mouvement entamé le 10 septembre, à faciliter la jonction du mouvement unitaire, syndical et citoyen, à participer aux initiatives de l’intersyndicale pour :
- le retrait des budgets Macron-Lecornu et pour des budgets de justice sociale ;
- la hausse significative de nos salaires, comprenant l’intégration des indemnités mensuelles dans de nouvelles grilles indiciaires refondues ;
- la création massive d’emplois de fonctionnaires, contre les suppressions de postes annoncées ;
- un plan de titularisation des contractuel·les, pour en finir avec la précarité ;
- l’abrogation de la réforme Macron des retraites, pour le retour du droit de partir à 60 ans ;
- des moyens de fonctionnement pour l’ensemble des services publics ;
- l’abrogation de la loi Duplomb.