Concours ITRF : bilan de la session 2024

Alors que la session 2025 des concours ITRF va s’ouvrir courant mars, nous avons dressé un bilan de la session 2024, à partir des données disponibles en ligne sur l’application WebITRF. Ce bilan permet d’obtenir un aperçu assez précis de la nature des postes publiés et des résultats des concours par la publication des listes de lauréat·es sur liste principale et/ou complémentaire. S’il donne un aperçu de l’attractivité des concours, ce bilan est sous-estimé, certaines personnes étant lauréates sur plusieurs concours quand d’autres finissent par refuser le concours. Les bilans ministériels ne seront pas disponibles avant plusieurs années, notre bilan permet donc de poser quelques éléments d’analyse à chaud, parmi lesquels celui de la crise d’attractivité, qui semble toucher la filière ITRF comme d’autres secteurs de la fonction publique.

Un concours sur cinq est infructueux

En 2024 ce sont 2575 postes ITRF qui ont été ouverts aux concours, internes comme externes, pour les cinq corps qui constituent la filière. Et le premier bilan, amené à être revu à la hausse, indique que 1 concours sur 5 est infructueux (20,3%). Ce chiffre est une moyenne, la situation varie fortement selon les corps (16% des concours de TECH sont infructueux contre 23,4 % des concours ATRF et IGE) et selon les branches d’activité professionnelles (BAP).

Il n’y a pas que l’informatique qui a des problèmes de recrutement

Voilà une idée reçue que le bilan de cette session contredit très sérieusement. Avec 27,4 % de concours infructueux (!), la BAP E (informatique, statistiques et calcul scientifique) n’est pas la BAP qui paraît le plus en difficulté. La BAP G (patrimoine immobilier, logistique, restauration et prévention) est au même niveau (27,3%), et l’ensemble des BAP dites scientifiques (BAP A, B, C, et D) dépassent 28 % de concours infructueux.
L’analyse du détail des corps et des emplois-types montre, dans ces BAP, les métiers les plus en difficulté. Ainsi, dans la BAP G, les métiers du patrimoine immobilier dans leur ensemble peinent particulièrement à faire le plein par le concours. 30 % des concours ATRF sont infructueux et ce pourcentage ne fait qu’augmenter au fur et à mesure que l’on monte dans la hiérarchie, pour dépasser un concours sur deux pour le corps des IGR. Dans les BAP dites scientifiques, la situation des concours des personnels de labos dans les EPLE (recruté·es dans le corps des ATRF en BAP A et B) joue pour beaucoup dans la part des concours infructueux. Ces concours représentent la moitié des emplois scientifiques publiés et la part de concours infructueux y atteint 36,4 %. Ce ne sont que deux exemples, on pourrait également citer les métiers de la restauration, recrutés par le réseau des CROUS, pour lesquels 1 concours sur 5 est infructueux à l’issue de la session. Dans la filière ITRF, les métiers connaissant le meilleur taux de réussite aux concours sont ceux de la BAP F et J, avec environ 13 % de taux d’échec.

Dans le supérieur on recrute en BAP J, dans l’enseignement scolaire des ATRF

1900 concours sont ouverts dans les établissements du supérieur (74 % de l’ensemble), et 142 (5,5%) dans les Crous, l’enseignement scolaire comptant 507 possibilités de recrutement. Cette répartition est à l’image de la répartition des effectifs ITRF. Et de la même manière, le profil de ces concours est très variable. Dans le supérieur, 60 % des concours ouverts relèvent de la BAP J (ce qui représente 96 % des postes ouverts en BAP J dans la session) et le corps dans lequel il y a le plus d’ouvertures de concours est celui des TECH (40% des concours du supérieur). Dans l’enseignement scolaire (rectorats, EPLE), ce sont les recrutements dans le corps des ATRF qui est dominant : ils représentent 60 % des concours ouverts. Ce sont largement les agents de laboratoire qui font ce chiffre, avec les difficultés à pourvoir les postes déjà évoquées.

Quelles causes ?

Malgré des caractéristiques très diverses, les concours ITRF sont en crise d’attractivité. La faiblesse des salaires, le tassement des grilles indiciaires, des conditions de travail dégradées expliquent certainement beaucoup de choses. Tout comme la concurrence du secteur privé sur certains métiers ou encore le décalage énorme entre certains postes et le corps de recrutement. Ajoutons également le facteur géographique, certaines académies voient leur nombre de concours infructueux dépasser largement la moyenne de 20,3 %, comme Créteil, Versailles ou encore Lyon ou Paris. Il nous reste à affiner encore l’analyse de ce bilan, pour mieux connaitre les évolutions en cours de la filière et préciser nos revendications syndicales.

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Cet article est la rubrique 11 sur 15 du Convergences N° 304 — Février 2025